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Comme un rat
11 novembre 2016

La France moche

La France, première destination touristique du monde, est en train de s’enlaidir : 236 hectares d’espace agricole s’envolent toutes les vingt-quatre heures. Avec 800 kilomètres carrés bétonnés chaque année, l’équivalent d’un département français disparaît tous les six ans sous le ciment, le bitume, la tôle. Les abords de nos grandes villes et de nos villages sont devenus des malls à ciel ouvert : nous totalisons plus de 18 millions de mètres carrés de grandes surfaces, cela fait de la France le champion d’Europe de l’immobilier commercial. Un million de panneaux publicitaires sont implantés dans toute la France. Une loi en vigueur depuis le 13 juillet 2015 interdit ces panonceaux disposés anarchiquement à l’entrée des communes de moins de 10 000 habitants… Mais elle est peu appliquée. Dans les villes de plus de 10 000 habitants, les efforts consentis par les élus locaux le sont toujours dans le centre historique. Les sites patrimoniaux sont préservés, les rues anciennes sont l’objet de toutes les attentions. On sanctuarise les quartiers piétonniers. La contrepartie, c’est le laisser-faire dans les zones périphériques, c’est-à-dire dans 90 % de l’agglomération. Pour arriver au centre d’Avignon, il faut traverser des kilomètres de jungle hostile, d’enseignes diverses, de constructions anarchiques qui s’enchevêtrent autour de quartiers pavillonnaires. Dans les petites communes, la loi de décentralisation de 1982 a autorisé toutes les audaces. Nos “petits maires” ont lancé la construction de médiathèques à la silhouette improbable, de salles polyvalentes au style approximatif. En se passant trop souvent des conseils d’urbanistes ou d’architectes sérieux, ils ont acheté des mats lumineux (nouveau nom qu’il convient de donner aux lampadaires) jaunes, carmin, ou orange, massacrant au passage l’harmonie qui régnait depuis des siècles dans la rue principale du village. Selon Matthieu Pigasse, directeur général de Lazard France, « six milliards d’euros sont engloutis chaque année dans les ronds-points, dont près de deux sont consacrés à la seule décoration de ces magnifiques ouvrages : fusées, cerfs royaux en majesté, oiseaux géants prenant leur envol »… Oui, la France s’enlaidit. Et il est temps que nous reprenions la main car notre patrimoine n’est pas réductible à Versailles, au Louvre, au Mont-Saint-Michel ni au palais des Papes. Alors que nos voisins britanniques, scandinaves, autrichiens, suisses s’attachent tant à préserver leurs paysages et leurs patrimoines locaux, il est temps que nous songions à la beauté ordinaire de nos communes : le dessin de nos villes, les bancs sur lesquels nos enfants iront s’asseoir, les rues dans lesquelles ils se promèneront.

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